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4 février 2006 6 04 /02 /février /2006 00:00

Le Cactus : pas beaucoup de piquant mais un bon moment à peu de frais

 

    Un hypocondriaque bonne poire et son meilleur ami businessman plutôt pète-sec partent en Inde, qu’est-ce qui reste ? Pas beaucoup de sang-froid de la part des personnages, pas beaucoup de rires francs pour les spectateurs, mais beaucoup de sourires, car la comédie est efficace, quoique souvent prévisible.  De ce duo improbable déplacé dans un pays aux situations tout aussi improbables pour des occidentaux paumés, vous retirerez quelques conseils utiles pour voyager en Inde :

 

-Ne pas monter dans un train pour un voyage de 36 heures sur l’indication d’une seule personne au dodelinement de tête bienveillant.

 

-Dans ce même train, ne pas accepter  le premier samossa venu : il a 95% de chances d’être plus épicé que tout ce que vous aurez goûté de votre vie.

 

-Ne pas faire confiance au premier gourou français pseudo indianisé par ses joints rencontré à Goa, même s’il est joué par Pierre Richard et répète « no soucy » à l’envi.

 

 

Etcetera, car le principal ressort comique du film, réalisé par l’équipe de La vérité si je mens,  est le renversement des rôles, ou comment le jeune premier arrogant (Clovis Cornillac) perd tous ses moyens dans un environnement aussi étrange qu’étranger. Le film ne décolle donc vraiment qu’avec le départ pour l’Inde des deux héros, après un bon quart de mise en place de l’intrigue assez laborieux, malgré un générique joyeusement psychédélique.

 

       Comédie franchouillarde qui n’échappe ni à quelques clichés du genre (happy end et histoire d’amour notamment) ni aux clichés sur l’Inde « comme on l’aime », désordonnée à souhait, le Cactus reste un bon divertissement exotique au cœur d’un mois de janvier glacé.

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 février 2006 6 04 /02 /février /2006 00:00

Viva Zapatero ! de Sabina Guzzanti, haro sur la censure berlusconienne !

 

(Note : 3)

 

       « Je suis un bouffon » déclare Sabina Guzzanti elle-même dans la scène d’exposition de son documentaire où on la voit se métamorphoser en Silvio Berlusconi sous les mains d’une maquilleuse. Le ton est donné : Viva Zapatero !  est un pamphlet politique anti-Cavaliere, mais le pamphlet d’une amuseuse publique, d’une « grande gueule » du monde du spectacle italien.

 

     Le titre brouille les pistes, en rendant hommage au Premier Ministre espagnol, dont la première mesure au pouvoir a été de faire voter une loi garantissant l’indépendance de la télévision publique de son pays. Ah, puisse Zapatero être également élu en Italie, semble penser Sabina Guzzanti…Mais c’est plus qu’improbable, et c’est bien pour cela qu’elle a décidé de faire un film, pour dénoncer la main mise du « système Berlusconi » sur les médias italiens. Et pour cause : un observatoire international de la liberté d’expression a récemment attribué à l’Italie le peu glorieux 77e rang de son classement mondial. De quoi se pendre avec ses spaghettis…

 

         Non content de posséder les trois principales chaînes privées du pays par l’intermédiaire de son empire Médiaset, le Premier Ministre contrôle également les chaînes de service public, sur lesquelles il a fait interdire la diffusion de l’émission satirique « RAIot » (prononcez « riot » à l’anglaise svp) de Sabina Guzzanti, où elle se moquait justement de son omniprésence-omnipotence dans les médias et la vie économique italienne. Sabina ne s’en est visiblement pas remise, et on la comprend.

 

       Dans son documentaire parfois monté comme un clip de dance –fatiguant pour les yeux  et mauvais pour la clarté de la démonstration- elle s’attaque toutes griffes dehors aux notables du berlusconisme pour rappeler à leur indifférente feinte  que la satire est indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. Image du Chirac « super-menteur » des Guignols de l’info à l’appui, elle affirme que la démocratie française se trouve dans une situation beaucoup plus saine que la démocratie italienne. Viva Zapatero ! fait donc réfléchir aux limites, ou aux non-limites, que la démocratie peut poser à la satire et à un monde médiatique où, « puisque les hommes politiques font des blagues, les comiques peuvent bien faire de la politique ». Ou encore au pouvoir de l’humour fasse au pouvoir économico-politico-médiatique d’un Berlusconi qui utilise la censure.

 

       Sabina Guzzanti se met elle-même en scène dans son documentaire, comme Michael Moore.  Mais contrairement à son homologue américain à la casquette, elle le fait surtout pour défendre sa propre cause. Très convaincante quand elle énumère les grands journalistes italiens ayant perdu leur place depuis l’arrivée de Berlusconi au pouvoir, du Corriere della Sera à la RAI, elle l’est moins quand elle est se  filme elle-même, assise dans la rue, les yeux humides et l’air martyrisé…Malgré la justesse de la cause, le plaidoyer pro domo  est  parfois presque agaçant.

 

            En résumé, Viva Zapatero est un pamphlet corrosif et bienvenu, auquel on pardonne donc son caractère un poil brouillon et nombriliste. En dérangeant et faisant réfléchir, il remplit parfaitement son rôle de pamphlet politique.

 

 

 

                   

 

L’affiche du film ®                                  Sabina Guzzanti métamorphosée

 

                         en Berlusconi

 

 

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22 janvier 2006 7 22 /01 /janvier /2006 00:00

Moi, toi…et le spectateur médusé

 

 

     Imaginez un instant un film hybride, sorte de croisement entre Amélie Poulain  et American Beauty… Un Amélie Poulain un peu trash, où une quadra frustrée fantasmerait par claviers interposés sur les répliques naïves d’un garçon de six ans,  ou un American Beauty éclairé par des flashs de regards enfantins, où il deviendrait brusquement crucial de sauver un poisson rouge malencontreusement plaqué  dans son sachet en plastique sur le pare-brise d’une voiture fonçant sur l’autoroute…

 

 

 

       Ce film, et beaucoup d’autres car la comparaison est nécessairement réductrice pour un film aussi riche, c’est Moi, toi et tous les autres, de  Miranda July, une fable moderne qui a reçu la caméra d’or au dernier festival de Cannes. Un film à tiroirs d’où sortent pêle-mêle de longs et francs fous rires, une émotion subtile et, par moments, un sentiment de malaise qui s’insinue comme la lumière rasante de la banlieue américaine où se déroule l’action.

 

 

 

      Comme dans beaucoup de bons films, l’intrigue est difficile à résumer. C’est une intrigue en forme de croisements, de circonvolutions de personnages qui habitent le même quartier et s’y rencontrent ou s’y ignorent, s’y fuient ou s’y cherchent, mais vivent dans tous les cas leurs vraies aspirations seuls devant leurs miroirs. Il y a cette artiste trentenaire, interprétée avec fantaisie et justesse par Miranda July elle-même, qui projette ses aspirations à l’amour dans ses œuvres  vidéo qu’elle sait destinées à être refusées par le musée d’art contemporain de la ville. Il  y a cet homme divorcé à la calvitie en route qui élève seul ces deux enfants avec qui il n’arrive pas à ébaucher la moindre signe de vraie communication et qui fait subir ses aphorismes métaphysiques désespérés aux clients du magasin de chaussures où il travaille. Ces deux adolescentes surmaquillées au teint blafard qui se laissent griser par la spirale de la séduction-provocation, cette petite fille obsédée par la constitution de son trousseau de  mariage…et tous les autres, car finalement, dans ce quartier silencieux, chacun traîne plus ou moins un mal de vivre plus lourd que lui.

 

 

 

         Dans cette banlieue et dans ce film, il n’y en a pas un qui se sente vraiment en adéquation avec sa vie, les enfants agissent comme des adultes, refusant la légèreté de leur âge, et les adultes comme des enfants, planant loin au-dessus du sol. Tout cela pourrait donner une image bien noire et désabusée d’une société américaine en roues libres, perdue sans repères moraux ou sociaux, si l’on ne se situait pas dans le registre de la fable. Mais la grande force de Miranda July, c’est  qu’elle réussi au contraire à en faire un film sans pesanteur, fourmillants de clins d’œil d’autodérision et moments de magie éphémère que les personnages arrivent finalement à faire naître, au fil de leurs rencontres, comme dans cette scène de dénouement tout à la fois surréaliste et chargée de sens où l’artiste et le vendeur de chaussures suspendent un tableau dans un buisson. Une petite perle parmi tant d’autres de ce film, dans lequel s’ouvrent finalement quantités de portes, qui révèlent que la communication est possible, par le rire, l’art ou simplement le fait d’entrer dans le jeu des rêves de l’autre.

 

       La magie qui s’en dégage doit évidemment beaucoup aux images elles-mêmes, magnifiques, qui réussissent le pari risqué de rester sur le fil du poétique et du vibrant sans tomber dans le  piège de l’esthétisant. Et de sublimer une banlieue banale sans la dénaturer. Bref, un vrai regard d’artiste et une réussite étonnante de maîtrise et de profondeur pour un premier film : vivement le deuxième !

 

 

 

 

 

 

 

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